Quand à une jeune fille milanaise, fille d’un égyptien et d’une italienne, a été proposé de suivre un cours d’arabe elle a répondu un peu irritée « je ne suis pas une étrangère !». D’autres ont été contents de suivre ces cours, mais il s’agissait principalement d’enfants du primaire et des lycéens. C’est connu, au collège les enfants évitent avec diligence tout ce qui pourrait les faire percevoir comme différents de leurs copains…. C’est une période délicate, entre l’enfance et un age plus mur et conscient. Cela signifie que le problème de l‘identité doit prendre en compte différentes variables comme l’environnement, la phase de développement que l’on traverse, les rapports avec la famille et le groupe d’origine d’un coté et la société dans laquelle on est inséré de l’autre.
En somme, comme toutes les questions humaines, il ne s’agit pas d’appliquer les principes et les théories, mais d’accompagner un processus évolutif complexe et des fois contradictoire, en perpétuelle mutation, rempli de risques mais aussi de potentialités. Ce sont surtout les familles souvent désorientées qui s’en occupent. L’école est déjà surchargée d’un bon nombre de problématiques et que très rarement supportée par des orientations et moyens adequats à affronter ce défi. Cela signifie que notre société est déjà un grand laboratoire, où une médiation continue est en cours entre traditions culturelles et religieuses diverses, qui ne doivent pas être conçues comme des entités rigides, fermées et prédéterminées, mais des éléments entrelacés où chacun de nous est le lieu d’une personnelles et exceptionnelle synthèse.
Nous ne sommes pas des représentants d’une ethnie ou d’une foi comme des pièces fabriquées en série, produites par qui sait quelle diabolique ou sophistiquée chaîne de montage. Nous sommes des personnes, extraordinaires et en même temps créature de misère, fournies de sensibilité et intelligence, chargées d’un passé mais aussi constamment ouvertes au futur. Le contexte dans lequel nous sommes appelés à accomplir cette tache n’est malheureusement pas le plus favorable.
En effet, on court le risque que dans les deux fronts prévalent les aspects moins nobles et éphémères de la massification qui caractérise notre temps, gris. Chez les européens, cette partie un peu déplorable de la classe aisée, préoccupée surtout que les parents pauvres ne soient pas trop importuns, disposée à les supporter à condition qu’ils accomplissent les tâches les plus humbles et fatigantes et à partager seuls quelques rites collectifs, football ou émission télévisés, pour montrer de ne pas être complètement inciviles.
Les immigrés, en particuliers les musulmans, ceux arriérés, encrés à une vision du monde médiévale, théocratique et sexiste, image de laquelle ils veulent se débarrasser au plus vite pour démontrer de pouvoir devenir comme nous. La réalité va au-delà de cette simplification. Il y a désormais parmi nous des fils d’immigrés de deuxième ou troisième génération, dont certain parlent mieux l’italien que l’arabe ou d’autres langues de leurs parents. Ils sont en train de développer une silencieuse mais décisive confrontation, avec les parents et avec leurs origines, acceptant de faire des choix au quotidien et de partager la difficile mais extraordinaire aventure qui amène des jeunes à devenir des femmes et des homme matures.
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